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Biographie
Vassili Feodoroff est né en 1991 près de Paris et vit à Fontainebleau. Après une licence d’Histoire, il a étudié les médias au Celsa. Depuis 2016, il est photographe et jusqu’à 2019 il est membre du studio Hans Lucas avec lequel il expose notamment « Sur le rocher », une série photo sur un pèlerinage au Cameroun, à Photodoc, en 2017 à Paris. De 2017 à 2018, Vassili intègre le service photo du Monde en tant que rédacteur photo multimédia. Il travaille sur l’iconographie du quotidien, du site internet et sur l’écriture et la réalisation de stories Instagram. Depuis 2018, il pige toujours régulière au service photo, mais travaille aussi en tant que photo reporter pour le journal. En parallèle il travaille en commande avec d’autre titres de presse comme Néon, la Croix et Vice. Son travail personnel est lié au documentaire et au journalisme, avec un intérêt particulier pour des sujets liés à l’environnement, la religion ou l’Histoire. Vassili collabore régulièrement avec la société de production Lumento pour laquelle il participe à la réalisation de contenus vidéos pour des clients comme la fondation Cartier et la Bourse du Commerce. Il a également réalisé avec Lumento deux court-métrages documentaires, Ce qu’il reste (2019), un film sur un homme passionné de la Seconde Guerre mondiale, qui passe son temps libre à fouiller dans les bunkers bretons du mur de l’Atlantique. Sur la brèche (2020), un film qui raconte les risques sismiques à Wellington en Nouvelle-Zélande et comment les
habitants vivent avec au quotidien.
Vitiaz
En russe, un « vitiaz » est un preux chevalier.
C’est aussi le nom donné à un mouvement orthodoxe et russe pour la jeunesse pensé dans l’entre deux guerre. En 1934, Nicolas Feodoroff, un russe blanc émigré en France, a fondé le camp d’été des Vitiaz à Laffrey, en Isère. Aujourd’hui, ce camp d’été existe toujours. Sur un terrain entouré de sapins et de bouleaux, on y vit sous des
tentes selon une tradition russe.
Nicolas Feodoroff est mon arrière grand-père. Des Vitiaz j’ai toujours entendu des anecdotes familiales, mais je n’y suis jamais allé. Dans mon imaginaire, c’était justement l’histoire d’un ailleurs, c’était pour moi l’exotisme de mon patronyme. Maintenant photographe, je voulais raconter cette histoire. Celle de cette Russie de mon arrière-grand-
père qui vit encore dans le coeur et l’effort des Vitiaz. Je voulais comprendre alors j’y suis allé.
L’organisation du camp est inspirée par son passage dans l’Armée Blanche. C’est au son du clairon que les vitiaz se réveillent, pour avant tout lever les drapeaux. Celui des Vitiaz et celui de la Russie. Dans la pratique, la vie du camp est régie par sa devise : « Pour la Russie, pour la foi ». Les jeunes y approfondissent leur foi en apprenant les prières et en participant aux offices, matin et soir à l’Église. Le reste du temps est occupé par diverses activités comme le sport, l’étude de la Russie et son Histoire (de sa
christianisation à 1917), l’apprentissage de sa langue et de chants traditionnels.
En recréant cette parcelle de Russie, le but des Vitiaz, et du camp d’été, est de conserver la culture et la tradition d’une Russie historique dont le coeur est orthodoxe. Nicolas Feodoroff, avait l’idée d’un jour pouvoir réimplanter en Russie cet ersatz du pays qu’il avait quitté. Il y a aujourd’hui une dizaine de camps Vitiaz en Russie et
ailleurs dans le monde.
Loin des différents patriarches orthodoxes et des frontières de Russie, les Vitiaz ne sont rattachés à aucun patriarcat et se tiennent à l’écart de l’échiquier politique. La volonté du mouvement est de permettre à toute la diaspora Russe, dans sa disparité, de pouvoir retrouver un bout de Russie qu’ils ont connue, dans les mémoires ou pour de
vrai.
En plus de la volonté de documenter les Vitiaz, cette série photo est pour moi une conversation avec mon arrière-grand-père – que je n’ai jamais connu -mais aussi mon grand-père – que je n’ai pas connu non plus – ainsi que mon père, qui ont tous été Vitiaz. En mêlant des extraits des mémoires de mon arrière-grand père, des diapositives prises par mon grand-père, dans lesquelles on peut voir mon père jeune, et mes photos, je cherche à raconter l’histoire d’une famille russe devenue française et je pose mon
regard français sur l’exotisme de mes origines russes qui paraissaient alors si essentielles à Nicolas Feodoroff, il y’a quatre générations.