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Biographie
Après des études en histoire de l’art, il se concentre sur les mutations urbaines qui caractérisent le début du siècle. Ses images de grandes métropoles asiatiques sont exposées dans différents musées et galeries à travers le monde.
Il s’installe ensuite au Canada et s’investit alors dans des projets d’activisme citoyen en lien avec l’écologie urbaine et les contre-cultures.
Après la catastrophe de Fukushima il migre au Japon avec sa famille. Il collabore avec les collectivités locales sur les stratégies de revitalisation des régions rurales du sud.
De retour en Touraine dont il est originaire, il consacre ses recherches aux relations qu’entretiennent territoires et intimité, l’espace domestique demeurant son terrain d’exploration visuelle privilégié.
Fréderic Froument est finaliste des Rencontres Photographiques des Amis du Musée Albert-Kahn 2020.
Le Refuge Animiste – Kyūshū, Japon
Le Kyūshū, seconde île la plus méridionale du Japon, est le théâtre d’une migration muette.
De nombreux habitants du Tohoku tentent de s’éloigner le plus possible de la zone frappée par la catastrophe de Fukushima pour trouver une terre d’accueil éloignée des radiations et de la culpabilité paradoxale de ceux qui prennent la fuite. Le Kyūshū, lui-même affaibli par une désertification démographique massive, compte de nombreuses maisons et écoles vides transformées en de providentiels refuges pour ces nouveaux nomades.
Ma femme japonaise, mes deux fils et moi-même avions quitté le Canada pour venir nous installer dans une de ces maisons, au sommet d’une colline, ceinte d’une nature empreinte d’une profonde spiritualité. Nous traversions alors une période de grande pauvreté, n’avions plus ni domicile ni bien personnel et très peu de ressources. Les temps étaient âpres, les conditions de vie difficiles, mais nous partagions le quotidien de ces réfugiés intérieurs avec une grande empathie pour le drame autrement plus brutal qu’ils traversaient depuis le grand tsunami. Mais, après quatre cents ans de relative tranquillité, la région du mont Aso fut touchée par un important séisme qui transforma soudain notre refuge providentiel en édifice menaçant de nous ensevelir à notre tour.
Ce petit théâtre domestique ressemblait à un Walden japonais dont je tenais le journal quotidien, une chronique de l’effondrement et de la résilience.
Cette série compose un hommage à ces heures belles et sombres, un ex-voto laissé en offrande au refuge animiste.
Votre premier souvenir photographique, la première émotion ?
Une photo de nu féminin dans un magazine trouvé chez un oncle. 5 ans.
Le ou la photographe qui a suscité votre passion ?
Werner Bischof.
Votre première photographie ?
Un chêne vert lors d’une sortie d’école, vers 7 ans.
Votre plus beau souvenir photographique ?
Il y en a trop… Perdu dans Tokyo il y a 20 ans à la tombée de la nuit, égaré comme un petit enfant, les yeux grands ouverts !
Le pire souvenir photographique ?
Trinidad & Tobago, finale du festival Panorama. J’accompagne le Steelband des « Desperadoes » que j’ai mis longtemps à apprivoiser, l’atmosphère est électrique, il remporte le concours ! A la 38ème vues je réalise que la pellicule n’est pas bien enclenchée dans le Nikon. Le film est vierge.