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Biographie
À 17 ans, Jeanne Taris découvre la photo.
Depuis elle capture toujours des moments bruts, des situations remplies d’émotions, des hommes et des femmes atypiques. Mais elle œuvre sans rien trier, rien imprimer, rien montrer. Jusqu’en 2015 où elle s’inscrit à un workshop Leica. On l’encourage à montrer son travail. Commence alors une deuxième vie, celle d’une photojournaliste qui aime l’immersion, les semaines, les mois passés sur un sujet.
De la Côte d’Ivoire au quartier gitan de Perpignan, chaque cliché raconte une histoire, un instant figé d’une fresque plus grande. Un travail qui se distingue au fil des années. Ses photos ont été exposées à de nombreuses reprises et publiées dans Sud-Ouest, Polka#39, 6 MOIS#16, Vice, Le Washington Post, LFI Magazine#7.
En juillet 2018, elle remporte le Leica Galleries International Portfolio Award au Festival Voies Off d’Arles.
En septembre 2019 elle remporte un prix au Kuala Lumpur International Photoawards et son travail est exposé à la Ilham Gallery, Kuala lumpur.
GESTES GITANS
Ils sont là, mais y sont-ils seulement ? Eux, ce sont les Gitans, petit peuple de l’ombre des quartiers de l’ombre, et c’est à l’ombre de cette ombre que leur société s’épanouit.
Cachée, forcément, remisée là par eux, qui ne veulent pas être vus, par nous, qui ne voulons pas les voir, par un mur invisible qu’a franchi Jeanne Taris. D’eux, la photographe a pris des clichés qui ne disent ni l’indécente exaltation de quelque curieux en mal de frisson, ni la condamnation morale d’un mode de vie trop différent.
Ils ne jugent pas ; ils montrent. Ils disent les joies, les peines, les faciès d’enfants dont on doute qu’ils en soient encore, les danses, les cris, les chants, les gosses qui singent leurs pères jusqu’à la clope allumée aux lèvres, les outrances des femmes et les excès des hommes. Ils disent une vie si proche, si loin, si semblable, si différente, et puis ? Ils disent la vie, au fond, petite lumière intranquille sur l’ombre d’une ombre. Ils sont autant de petits feux.
Votre premier souvenir photographique, la première émotion
Mon père qui était professeur de mathématiques était aussi un photographe amateur. Il s’enfermait dans la salle de bain pour tirer ses photos. Enfant, j’étais fascinée par les albums de famille que je feuilletais pendant des heures.
Le ou la photographe qui a suscité votre passion
Henri Cartier-Bresson avec une série de 4 photos d’enfants jouant le long du mur de Berlin.
Votre première photographie
A 17 ans, une série de photos d’enfants jouant sur une plage en Andalousie. La scène se passait non loin du quartier Gitan que je photographie aujourd’hui. Ces enfants devenus adultes, je les photographiais depuis 3 ans, avant que je ne réalise que c’était eux qui étaient présents sur les photos de mes 17 ans.
Votre plus beau souvenir photographique
Mon premier Noël avec la communauté des Gitans de Perpignan. J’ai eu la chance d’être accueillie dans leurs maisons. J’étais fascinée par tout ce que je découvrais de leur mode de vie, de leur culture, de leur grand cœur.
Le pire souvenir photographique
En Andalousie, j’ai fait une rencontre avec un personnage incroyable.
Alors qu’il acceptait enfin de se laisser photographier, je me suis rendu compte que je n’avais plus de place dans la carte mémoire. Pas le temps d’effacer. Finalement, la dernière photo de ma 1ère série des Gitans d’Andalousie est une des photos emblématiques de mon travail.